Comptabilité générale
IX. 34. D'un bilan à l'autre et le compte de résultat intermédiaire
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Dans cette leçon, nous étudions un exercice qui n'est pas le premier de l'entreprise. Nous démarrons donc avec un bilan contenant déjà des écritures provenant de l'exercice précédent, et un compte de résultat qui lui est bien sûr vide.
Jetons un œil à l'entreprise au début de l'exercice. Commençons par regarder son bilan :
Il est important de savoir lire et de se sentir à l'aise avec un tel document.
Il donne une première idée de la structure et de la santé de l'entreprise.
L'un des buts du cours de comptabilité générale est de vous permettre de lire aisément un bilan d'entreprise et de l'interpréter pour mieux comprendre ses opérations.
Pour l'instant nous avons juste commencé à nous familiariser avec les bilans. Nous continuerons jusqu'à la dernière leçon à développer notre compétence pour les lire et les interpréter. Puis vous continuerez dans votre vie professionnelle, jusqu'à ce que cela soit devenu une deuxième nature.
Dans celui ci-dessus, du côté de l'actif, nous voyons que l'entreprises à des immobilisations (machines et véhicules), déjà un peu amorties. Il y a un stock de marchandises (600 €) qui, si l'on peut dire, "reste" de l'année dernière. Il y a du papier client, partiellement provisionné pour client douteux. Et il y a de l'argent à la banque et en caisse.
En outre, certaines charges qui n'appartenaient pas à l'exercice précédent, mais ont néanmoins déjà été payées l'année dernière (avec de l'argent ou une promesse), font temporairement partie des actifs de l'entreprise. (Noter que c'est exactement le même mécanisme qu'avec des immos : payées dans le passé, et qui restent un certain temps à l'actif.)
Du côté du passif, nous voyons que l'entreprise a été financée avec un capital initial de 8000 €. Il est déjà un peu écorné par des profis et pertes cumulés qui font 750 € de pertes. Les capitaux propres sont donc de 7250 €. Un emprunt à long terme de 2000 € complète les capitaux employés, qui coûtent de l'argent d'une manière ou d'une autre (dividendes ou intérêts).
Il y a aussi du crédit gratuit de la part de founisseurs (le terme plus standard est "crédit commercial"). Et il y a des charges à payer de l'année précédente, pour lesquelles nous attendons encore les factures.
Le total net de l'actif est 10 300 € (en débit). Et c'est aussi nécessairement le total net du passif (en crédit).
Notez que l'actif du bilan est plus ou moins concret. On peut voir la plupart des actifs, on peut les toucher. Ils sont (pour la plupart) tangibles. Tandis que le passif est plus abstrait.
Pour comprendre cette différence, pensez à une bicyclette posée contre un mur dans la rue : cette bicyclette est concrète, c'est l'actif de quelqu'un – même s'il n'y a en général pas d'étiquette indiquant qui est le propriétaire. Ce lien d'appartenance entre la bicyclette et son propriétaire est plus abstrait que la bicyclette elle-même. C'est un lien de la nature d'un passif.
Pour le passif, cela prend plus longtemps de se sentir à l'aise avec ce qu'il représente et veut dire, que pour l'actif. Par exemple, une erreur fréquente quand on commence à apprendre la comptabiltié et qu'on voit un profit au passif (qui est le profit net cumulé jusqu'à présent, dans la colonne crédit, voir par exemple la fin de cette leçon) est de se demander : "mais où est-il à l'actif ?"
Il est nulle part à l'actif ! Le profit est seulement une catégorie du passif, qui est lui-même la liste de toutes les entités ayant des liens de propriétaires ou de créanciers avec l'ensemble de l'actif.
Le capital initial de 8000 € par exemple n'apparaît non plus nulle part à l'actif. Il y a été identifiable, si on veut, brièvement juste après la première transaction, quand il était en caisse ou en banque. Mais cet argent a bientôt été employé pour diverses dépenses et acquisitions, et il n'est plus "visible" à l'actif.
Pour avoir une meilleure compréhension du début de l'exercice en cours, nous pouvons jeter un œil aussi au compte de résultat de l'exercice précédent :
Nous voyons des ventes de 7000 € (qu'elles aient été comptant ou à crédit). Le CAMV est de 2400 €. Le stock final est de 600 €, ce qui nous savions déjà après avoir lu bilan.
Nous voyons diverses charges opérationnelles. Le résultat net de l'année dernière montrait une perte de 750 €.
Nous faisons l'hypothèse que l'année dernière était le premier exercice de l'entreprise. Il n'y avait donc pas de stock initial à son début. Et le résultat de l'année dernière est aussi le résultat cumulé apparaissant au bilan au début du présent exercice.
Durant l'exercice en cours, nous allons travailler avec le journal ci-dessous, auquel j'ai adjoint une feuille simplifiée présentant l'évolution du stock :
L'exercice ne commence plus avec la transaction consistant en le versement du capital initial.
Nous commençons l'année avec un stock de marchandises de 600 €. Nous faisons l'hypothèse que nous les avons achetées 50 €/p. Donc nous démarrons avec 12 pièces en stock. Nous allons suivre le stock en volume et valeur (pas représentée dans la feuille) au cours de l'exercice. Nous appliquons la méthode FIFO, et déterminons ainsi la valeur courante et finale du stock.
Soulignons une fois de plus que nos exemples n'ont pas pour but d'illustrer une bonne gestion, ni une comptabilité très réaliste. Notre objectif est de montrer comment fonctionne la comptabilité.
Nous pouvons présenter les comptes au début de l'exercice en utilisant la disposition de la balance. Ce n'est pas très différent, on l'a vu, du bilan de début d'exercice, mais ça peut être plus commode pour suivre l'effet, l'une après l'autre, de chaque transaction de l'exercice :
Les comptes de bilan contiennent les soldes de l'exercice précédent. Les comptes de charges et de produits sont vides. Et il n'y a pas encore de régularisation de fin d'année.
Enregistrons la première transaction de l'exercice : achats de marchandises à crédit pour 3000 € (= 50 articles à 60 €/p).
et
Observez que le compte fournissseur de marchandises commençait l'exercice avec un solde venant de l'année dernière de 500 €.
Nous pouvons suivre l'effet de cette transaction dans la balance, qu'on pourrait appeler courante :
Enregistrons à présent le loyer :
nous débitons le compte de loyer
et nous créditons la banque
Voyons l'évolution de la balance :
Dépenses diverses de la boutique. Maintenant nous enregistrons la consommation des 300 € de dépenses diverses constatées d'avance (= "prépayées" avec de l'argent ou une promesse) l'année dernière, que nous avions temporairement rangées à l'actif.
et nous "annulons" la charge constatée d'avance
Impact sur la balance :
De même, quand nous recevons les factures pour les charges à payer, nous les payons (mettons, avec des espèces) :
nous créditons la caisse :
et nous "annulons" les charges à payer
Impact sur la balance :
Première vente du nouvel exercice : nous vendons comptant (c'est-à-dire "pas à crédit", mais contre du cash ou un chèque) 20 articles à 200 €/p payés. Notre stock passe de 62 à 42 articles. Prenons l'exemple où c'est la caisse qui reçoit le paiement.
et
Impact sur la balance :
Nous continuons à enregistrer les transactions de l'exercice notées dans le journal : débiter un compte, créditer un autre compte. Et nous pouvons suivre en temps réel l'évolution de la balance : ceci nous permet de vérifier que nous ne faisons pas d'erreur et que la balance reste équilibrée.
La transaction suivante est : porter du cash de la caisse à la banque. Impact sur la balance :
Nous vous encourageons vivement à continuer à enregistrer vous-mêmes les autres transactions jusqu'à la fin du journal, et à suivre chaque fois l'impact sur la balance.
Après avoir enregistré toutes les transactions, nous aboutissons à la balance suivante :
Il nous reste à faire quelques régularisations pour l'exercice.
Nous faisons des régularisations pour :
- les stocks : le stock final est de 720 €
- les amortissements de l'année : même charges que l'année dernière, 1100 €
- reprise de provisions : nous "annulons" la provision pour client douteux car tous les clients sur lesquels nous détenions des créances ont finalement payé. Techniquement nous créditons un compte "reprises de prov. CR" (c'est un compte de produits) et nous débitons un compte "reprises de prov. B" ou simplement le compte de provisions B que nous avons déjà.
Après ces régularisations, la balance finale est :
Observez l'effet de la dernière régularisation : la reprise de provisions. Elle accroît le profit de l'année de 500 €, et annule le montant de 500 € que nous avions dans la colonne crédit à l'actif du bilan en début d'exercice. Ces 500 € de provisions, enregistrés l'année dernière, avaient diminué le profit de l'année dernière du même montant.
En d'autres termes, nous avons "transféré" 500 € de profit de l'année dernière à cette année.
C'est un exemple de la marge de manoeuvre que nous avons en comptabilité. Quand nous en abusons, nous entrons dans ce que l'on appelle "la comptabilité créative".
Afin que l'exemple reste simple, cette année nous ne passons aucune autre "régule" du type charges constatées d'avance, charges à payer, provisions, etc.
En extrayant les comptes de charges et de produits de la balance finale, nous obtenons le compte de résultat de l'année.
Le produit provenant de la reprise de provisions est parfois listé dans le haut du compte de résultat. Nous l'avons mis quant à nous tout en bas après les charges opérationnelles.
Le résultat de l'année est un profit de 2620 €, qui va aller au bilan accroître la ligne résultat cumulé au passif.
Finalement voici le bilan à la fin de l'exercice :