Comptabilité générale
VII. 30. Méthode alternative de calcul du CAMV : élimination du compte d'achats et de la régularisation des stocks
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Jusqu'à présent, nous avons étudié la façon traditionnelle de calculer le CAMV (coût d'achat des marchandises vendues) et de préparer la partie supérieure du CR (compte de résultat).
Dans cette leçon, nous étudions une méthode alternative plus moderne.
Les deux méthodes sont absolument équivalentes pour ce qui est des valeurs calculées et des documents de fin d'exercice.
Commençons par revoir la méthode traditionnelle.
Voici un compte de résultat typique avec la partie supérieure (appelée en anglais le "trading account") présentée de façon traditionnelle.
Le CAMV est calculé implicitement avec la disposition du stock initial, des achats et du stock final.
La formule est
CAMV = Achats - [Stock final - Stock initial]
Avec les chiffres de l'exemple, cela donne CAMV = 6000 - [ 3500 - 2500 ] = 6000 - 1000 = 5000 €.
Donc la marge brute (appelée aussi marge commerciale) est ventes - CAMV = 12 000 - 5000 = 7000 €.
Le stock initial de l'exercice est simplement le stock final de l'exercice précédent. Nous voyons donc ici que nous ne sommes pas dans le premier exercice de l'entreprise.
En comptabilité traditionnelle, nous enregistrons tout au long de l'exercice les achats, sans nous préoccuper de ce qui est vendu ou pas.
Puis nous faisons un inventaire final, et calculons le coût pour nous des marchandises vendues, ou perdues, ou "tombées du camion" (une autre formule pudique pour dire "volées").
Le CAMV (coût d'achat des marchandises vendues), comme son nom l'indique, est le coût pour nous des marchandises qui sont effectivement sorties du stock pour être vendues (ou qui ont été perdues). C'est nécessairement égal aux achats moins l'accroissement éventuel des stock, ou plus la diminution éventuelle des stocks.
Rappelez-vous le caractère spécial du compte de ventes.
Voici la représentation naïve d'une vente : des marchandises sortent de l'entreprise, et une valeur (espèce, chèque, ou promesse) en contrepartie entre dans l'entreprise.
Mais, lors de la transaction qu'est une vente, nous ne pouvons pas simplement débiter le compte de caisse (ou un autre compte recevant la valeur) et créditer un compte de stock de la valeur dans nos comptes des marchandises vendues, car les deux mouvements ne sont pas égaux. Ils n'ont pas la même valeur.
En effet, une vente est l'opération fondamentale par laquelle l'entreprise crée du profit.
La notion de profit est plus subtile qu'il n'y paraît : la comptabilité autorise à comptabiliser seulement le profit constaté, ou effectif, ou réel, pas le profit potentiel. C'est l'une des justifications de la règle des coûts historiques. La comptabilité n'autorise pas à réévaluer des actifs car leur prix de marché aurait augmenté. Les normes IFRS ont un peu modifié ces règles, et – à notre sens – ce n'est pas une bonne idée, car ça dénature la notion de profit, et ça étend encore un peu plus les possibilités de la "comptabilité créative".
Nous avons vu que les marchands ont donc inventé il y a huit siècles le compte intitulé "compte de ventes", qui dans une vente est crédité. Nous avons choisi de souligner son caractère spécial, même si les comptables professionnels, tellement habitués qu'ils sont à l'utiliser, ne lui trouveront sans doute rien de spécial.
A la fin de l'exercice nous calculons la valeur pour nous, en débit, des marchandises vendues.
Le calcul de la marge brute devient très simple : c'est ventes - CAMV.
Puis nous soustrayons les autres charges de l'exercice pour générer ces ventes. Cela conduit au résultat de l'année (appelé parfois "résultat net" de l'année), c'est-à-dire la ligne tout en bas du compte de résultat (que les Anglo-Saxons appellent du terme imagé de "bottom line", ligne d'en bas).
Le calcul du CAMV conduit aussi commodément à la nouvelle valeur des stocks à la fin de l'exercice dans le bilan.
Nous l'avons étudié et n'allons pas y revenir en détail. C'est effectué à l'aide de la régularisation pour les stocks. Avec la valeur du stock final nous passons la double écriture suivante :
- nous créditons le "compte de stock final (CR)", et
- nous débitons le "compte de stock final (B)".
Pour être aussi explicite que possible regardons la procédure traditionnelle pas à pas avec des articles achetés et vendus.
Supposons que la boutique achète des vêtements (tous identiques) à 50 € pièce, et les vende à 120 € pièce.
Supposons que notre stock de début d'exercice consiste en 50 articles (valeur pour nous = 2500 €).
Au cours de l'exercice nous achetons 120 articles. Donc le solde du compte d'achats à la fin de l'exercice est de 6000 €.
Parallèlement, durant l'exercice, nous vendons 100 articles. A la fin de l'exercice, le solde du compte de ventes est 12 000 €. Et une valeur de ce montant est arrivée dans l'entreprise (en espèces, chèques, ou promesses si nous accordons du crédit à certains clients).
Le stock final est de 70 articles (50 du début + 120 achetés - 100 vendus). La valeur de ce stock, pour nous, est de 3500 € (apparaissant au crédit ci-dessous).
Quant au coût d'achat des 100 vêtements vendus, il est 50 € x 100 = 5000 €. C'est commodément calculé par la formule
CAMV = Achats - Δ Stock
qui est contenue implicitement dans la partie supérieure du compte de résultat que voici.
Alors quelle est la méthode alternative de calcul du CAMV ?
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Eh bien, nous n'allons plus utiliser de "compte d'achats". Tout au long de l'exercice nous emploierons seulement un "compte de stock" (qui sera un compte de bilan), et un "compte de CAMV" (qui sera un compte de charges).
Chaque fois que l'entreprise (ici une boutique) achète un vêtement à 50 €
- elle débite le "compte de stock" de 50 €
- elle crédite de la même valeur le compte avec lequel elle paie son fournisseur
Et chaque fois qu'elle vend un vêtement, les enregistrements comptables sont un peu plus compliqués car nous nous occupons alors de deux transactions :
- enregistrement de la vente
- nous débitons le compte qui reçoit le paiement de 120 € d'un client
- nous créditons comme d'habitude le compte de ventes de 120 €
- enregistrement concernant les stocks
- nous créditons le compte de stock de 50 €
- nous débitons le compte de CAMV de 50 €
A la fin de l'exercice, non seulement le compte de ventes est correct, mais aussi
- le CAMV (c'est-à-dire le solde du compte CAMV) est déjà calculé
- le solde du compte de stock (c'est-à-dire le stock final) est prêt aussi
Dans cette méthode alternative plus moderne, il n'y a plus de compte d'achats ni de régularisations pour les stocks à la fin de l'exercice.
L'inventaire final (qui est légalement obligatoire) est juste une vérification.
Comme nous l'avons vu, s'il y a une différence entre le solde du stock et l'inventaire, c'est que des marchandises pour une raison ou pour une autre ont disparu, et c'est naturellement un coût pour l'entreprise, avec lequel on doit corriger le CAMV.
Chaque matin j'achète mon journal au kiosque à journaux en bas de chez moi.
La kiosquière me demande toujours de lui tendre le journal que je viens de prendre pour le passer devant un lecteur de code barre par laser.
Avec cette lecture du code barre, elle déclenche dans son système d'information et de gestion informatique plusieurs enregistrements comptables : le stock de journaux (du titre que je viens d'acheter) est crédité de la valeur qu'elle a payée pour le journal, le compte de CAMV est débité de la même valeur. En même temps, le compte de ventes est crédité de mon paiement, et la caisse est débitée de la même somme.