Les ratios financiers de la France se dégradent,

juge une agence de notation

LE MONDE | 18.11.05 | 14h09  •  Mis à jour le 18.11.05 | 14h09
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La france est aujourd'hui un excellent payeur — ce qui lui vaut d'appartenir au club fermé des pays auxquels les agences de notation accordent un triple A — et peut donc emprunter aux meilleures conditions. Cela pourrait ne pas durer toujours. C'est en tout cas le sens du rapport titré La République française tend vers le bas de la catégorie AAA, qu'a publié l'agence de notation Standard & Poor's, jeudi 17 novembre. Quand on a, comme Paris, une dette de plus de 1 000 milliards d'euros, ce n'est pas neutre.

 

"La France possède une économie riche, diversifiée et capable de supporter un environnement difficile", accorde Standard & Poors. Et il n'est pour l'heure pas question de la rétrograder. "Cependant, ses principaux ratios financiers s'éloignent des niveaux médians pour la catégorie AAA et de ceux des autres Etats notés AAA, à l'exception de l'Allemagne", ajoute l'agence de notation.

La dette publique, par exemple, représentait plus de 65 % du produit intérieur brut (PIB) en 2004, contre un peu plus de 20 % en 1980. En la matière, la médiane du club des AAA se situe à 50 % et celle des AA à 55,7 %... Que l'on prenne les déficits, les dépenses publiques ou encore la charge de la dette, le constat ne varie pas : la France est à la traîne. Standard & Poor's fustige "les prestations sociales et les dépenses de personnel", qui "représentaient plus de deux tiers des dépenses des administrations publiques en 2004", mais aussi les réformes insuffisantes, que ce soit en matière de retraites, de sécurité sociale ou de fonction publique.

A l'heure où la Banque centrale européenne se dit prête à sanctionner les gouvernements de la zone euro les plus laxistes en matière de finances publiques (en refusant leurs emprunts d'Etat comme garantie si leur dette est notée en dessous de A) (Le Monde du 11 novembre), la pression sur Dominique de Villepin pour réduire les déficits s'accroît.

BERCY CAMPE SUR SES PRÉVISIONS

Les prévisions publiées par la Commission européenne, jeudi, ne laissent pas prévoir d'amélioration : Bruxelles table sur un déficit de 3,2 % du PIB en 2005 et 3,5 % du PIB en 2006 (Le Monde du 18 novembre). Le ministère de l'économie, quant à lui, confirme ses prévisions de 3 % de déficit en 2005 et 2,9 % en 2006.

Bercy fait remarquer que les estimations des experts européens ne tiennent pas compte du rebond de la croissance à 0,7 % au troisième trimestre, qui donne déjà un acquis de croissance égal à 1,4 % avant même de prendre en compte les chiffres du quatrième trimestre attendus comme bons. Or, fait-on valoir à Bercy, pour faire ses calculs, Bruxelles a retenu un taux de croissance égal à 1, 5 % pour 2005, soit ce qui est désormais la fourchette basse des estimations du ministère. Bercy souligne ainsi que tous les indicateurs montrent que la croissance devrait être soutenue dans les prochains mois et que ses prévisions pour 2006 seront confortées.

 

Virginie Malingre et Joël Morio

Article paru dans l'édition du 19.11.05