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L’INFLATION AU COURS DE L’EMPIRE ROMAIN

Au temps des Romains, la monnaie n’était pas de papier, mais se présentait sous forme de pièces métalliques, qui pouvaient avoir des compositions variées (or, argent, cuivre, bronze, ou un mélange de ces métaux en proportions variables) et une infinie palette de poids. La numismatique romaine est la mieux connue de toutes celles de l’Antiquité

L’Empire romain ne s’est pas bâti sans une succession impressionnante de guerres dont l’Histoire nous apporte un abondant témoignage. Par ailleurs, les Romains étaient d’infatigables bâtisseurs. Or, les lois de l’économie s’imposaient à eux comme elles nous gouvernent aujourd’hui.

La guerre fait appel à des dizaines de milliers de soldats qui perçoivent leur solde (d’où leur nom) et qu’il faut équiper et nourrir, les grands travaux demandent l’intervention de myriades d’ouvriers que l’on doit également rétribuer.

Tout cela coûte cher et, lorsque les richesses du pays ne suffisent plus, la tentation est bien grande de jouer sur la monnaie.Les empereurs romains ne disposaient évidemment pas de planche à billets, mais ils pouvaient manipuler la nature et le poids des pièces en circulation. Ils ne s’en sont pas privés, et les exemples foisonnent, dont nous ne prendrons que quelques exemples.

L’aureus, pièce d’or de 7,2 g sous Néron, fut remplacé par le solidus de 4,5 g, qui se maintint ensuite en France sous le nom de sol, puis de sou.
Le denier, pièce d’argent de 3,4 g, est celui qui a subi les atteintes les plus sévères: son titre en argent est passé à 70%, puis 50%.

inflation rome

Caracalla le transforma en antonien, censé être un double denier mais n’en pesant qu’un et demi avec un titre de 50%, que Valérien réduisit à 20%. Par la suite, il subit un procédé d’enrichissement de surface pour faire croire à une finesse supérieure. Il termina avec

Comme le fit beaucoup plus tard la Révolution Française avec les assignats, il crut régler le problème en employant la manière forte: un contrôle des prix, avec peine de mort pour qui vendrait au-dessus du prix fixé, et même des peines pour celui qui acceptait de payer davantage. Il obtint exactement le même résultat: les marchands préféraient fermer plutôt que de vendre à perte, et la pénurie se fit sentir.3 à 4% d’argent, ce qui fait une dévaluation moyenne de 40 fois.

On a même frappé des pièces de cuivre étamé en guise de pièces d’argent. Dioclétien, devant l’accélération de la dépréciation de la monnaie, tenta une nouvelle réforme monétaire, mais les parités qu’il imposa furent vite dépassées par l’inflation galopante. Comme ses prédécesseurs, il reporta la responsabilité de l’inflation sur la cupidité des commerçants plutôt que sur les émissions abondantes de monnaie (en particulier en cuivre) qu’il avait faites pour couvrir les frais de la construction et l’embellissement de sa nouvelle capitale Nicomédie.

Il prit alors des sanctions contre l’accaparement, mais les commerçants se mirent alors à changer d’activité pour continuer à vivre. Il durcit encore la loi en stipulant qu’un fils devait obligatoirement reprendre la même activité que celle de son père, sous peine de mort car il était alors traité comme un déserteur! C’en était fait de la liberté si chère au citoyen romain. Mais, comme il n’avait pas réglé la cause du problème, l’inflation se poursuivit.

C’est son successeur Constantin 1er qui réussit à la juguler, en créant une nouvelle monnaie, le solidus de 4,5 g d’or pur sans parité fixe avec les autres monnaies, qui se dévaluèrent rapidement. Maintenu avec ce poids et cette finesse, il survécut dans toute l’Europe jusqu’au Xème siècle et fut le pivot de l’économie et la base des échanges commerciaux pendant 600 ans.